Etre debout sur la frontière entre un pays et un autre, entre vivre et mourir !
Léonard Fife, célèbre cinéaste octogénaire en fin de vie, a accepté une interview filmée, en vue de la réalisation d’un documentaire sur sa personne, documentariste admiré, enseignant respecté, ami et mari digne de confiance et militant de gauche anti-militariste. L’équipe du tournage tente d’orienter les questions sur son travail de dénonciation de mensonge et d’hypocrisie d’Etat, mais le cinéaste divague vers d’autres souvenirs, visant à rétablir la vérité à propos de sa biographie. Dans la version officielle, il quitte les USA en 1968 pour demander le statut de réfugié politique au Canada, alors qu’il refuse de faire la guerre au Vietnam. Au fil des échanges, c’est tout un pan méconnu de sa vie qui va alors être dévoilé, en présence de sa femme, principale destinatrice de ses ultimes confessions. En déterrant son passé, tente-t-il d’échanger la culpabilité contre de la colère et du déni ? Il voyage dans sa tête là où il doit aller : alternant les confabulations, les souvenirs, les hallucinations, les fictions et les films. En toile de fond, se dessine la figure du père démissionnaire à la recherche d’une rédemption, celle de la femme, indestructible au cœur de la vie des hommes et celle du cinéma, voyeur et témoin, outil de vérité ou mensonge. L’auteur réussit le tour de force de fusionner passé et présent, alternant entre le documentaire entrain de se faire et la lutte du cinéaste debout sur la frontière entre un pays et un autre, entre vivre et mourir.