Simeon Brown, journaliste noir-américain, débarque à Paris en 1960, fuyant une situation tendue à Philadelphie, victime d’un passage à tabac par un policier. Il observe la société française qu’il trouve, au premier abord, bien différente de la société américaine raciste. Côté face, il se réjouit du cosmopolitisme de la capitale accueillante, des réseaux de solidarité existants et de sa rencontre amoureuse avec Maria, une jeune polonaise. Côté pile, il assiste, impuissant, à des scènes de violences policières envers les algériens dont la situation, dans le contexte de la guerre pour l’indépendance, lui rappelle celles des noirs-américains des ghettos. Le délit de faciès y sévit de la même manière. Sa rencontre avec Ahmed un jeune étudiant algérien dont la famille combat la France dans les rangs du FLN lui apprend les conditions de vie, dans le quartier de la Goutte d’Or, sans les familles, avec des boulots ingrats et sous-payés et l’existence de camps d’internement où disparaissent les plus récalcitrants. Jusqu’à ce 17 octobre 1961, où le FLN appelle à descendre dans les rues pour manifester pacifiquement contre le couvre-feu instauré par le gouvernement français pour les algériens. L'intérêt de ce roman réside dans le parallèle que l'auteur fait entre la condition des noirs-américains et celle des algériens, en abordant les questions sensibles du racisme, des préjugés des opprimés et des oppresseurs, de l’intégration et de la lutte anti-colonialiste. Très intéressante lecture d’une époque !