La Louisiane, une demeure d’inspiration coloniale dans le Bordelais s’est peu à peu vidée de ses occupants. Le père, l’Africain, est décédé 13 ans plus tôt, provoquant l’éloignement des enfants et les liens qui se distendent. La mère, la Canadienne, disparue dans l’année, achève ce délitement progressif par la destruction à venir de la demeure, vendue à un promoteur immobilier. C’est une maison chargée de mobilier colonial, mais aussi de biens achetés à des juifs exilés pendant la guerre, que le grand-oncle avait acquis. Les quatre enfants sont à nouveau réunis pour la succession : c’est l’heure de l’inventaire des fantômes. Dans une tentative de s’en débarrasser, le narrateur remonte le fil de l’histoire de ses parents et leurs familles respectives : de leur rencontre sur le Bassin d’Arcachon à leur mariage à la Libération, en passant par les heures sombres de la guerre. Alors que le destin était tout tracé pour le père, autodidacte qui apprend les rouages du commerce d’import-export entre l’Afrique de l’Ouest et la France, futur héritier des Comptoirs Matthieu Frères, la guerre vient bouleverser l’ordre des choses. Entre racines en Europe et cœur en Afrique, la mécanique de l’insouciance de la vie coloniale s’enraye : engagement du père dans la France Libre en Afrique, tandis que la mère tente de survivre dans un contexte de pénurie et de rationnement dans la France occupée. Ce premier roman dont l’écriture tout en délicatesse et en précision, nous entraîne au cœur d’une famille française de la première moitié du XXème siècle, est une belle découverte !