C’est l’histoire d’une famille immigrée, à travers le parcours de la mère, Yamina, née il y a 70 ans en Algérie dans le douar d’Atochène et installée depuis 1981 à Aubervilliers, entourée de son mari coffreur-boiseur à la retraite et leurs quatre enfants : Hannah, la révoltée ; Malika, la divorcée féministe ; Imane, l’indépendante et Omar, chauffeur d’Uber, à la recherche de l’âme sœur. Yamina ne saisit pas dans quelle géométrie le monde l’a placée. Elle ne s’aperçoit pas du rapport vertical qui se joue dans les relations sociales avec les autres. Sa discrétion vient de son éducation, empêchée de poursuivre ses études à l’âge de 12 ans pour aider ses parents à la ferme et élever ses 6 frères et sœurs, elle a subi l’exil au Maroc en 1956 pendant que son père combat pour la libération de l’Algérie. Elle a appris à rester invisible, question de survie. Elle est mariée contre sa volonté à un homme de 10 ans son ainé qui l’exile une nouvelle fois, en France. Sa vie s’est déroulée entre rêves et réalité, illusions et résignation. A travers Yamina, la narratrice dresse, avec subtilité, le portrait d’une famille dont la colère enfouie de la mère s’est transmise aux enfants. Un roman à la fois social et intimiste qui dépeint l’une des composantes de la France contemporaine, en proposant un regard touchant sur la question de la transmission dans les familles déracinées mais aussi sur le courage et la capacité d’adaptation, dans l’effacement instinctif de leurs lois hybrides à mi-chemin entre le village de leurs souvenirs et leur vie d’ici.